mercredi 22 juin 2011

Espoirs pour le rugby tricolore


     Un espoir suite aux belles performances des Bleuets de vingt ans dans la coupe du monde de la catégorie ? Certainement. Une belle génération prend forme. Mais c’est sur le championnat de France que nous voulons porter notre regard.

Avec le Top 14 et la finale Toulouse-Montpellier (15-10), nous avons senti une arrivée d’air frais sur le rugby national.

   Quelques images de la finale nous reviennent en mémoire, des images symboliques et représentatives d’une base rugbystique en pleine vitalité dans notre pays.

   Nous retenons celle de Guy Novès à la fin de la rencontre, son visage profondément heureux, ses yeux humides, son regard et son sourire de chef sage qui semblaient dire « au revoir » à un club qu’il a dirigé de longues années. Toulouse, une équipe et une ville au sommet du rugby de l’hémisphère Nord, qui doit beaucoup à la politique de long terme menée par leur entraîneur. Cette longue vue, qui a tant manqué à l’équipe de France ces dix dernières années et qui fait défaut à sa fédération (voir message du 15 mars : http://lerugbyinternational.blogspot.com/2011/03/n-ous-nous-rejouissons-pour-les.html ), va-t-elle être prêtée au Quinze national après la coupe du monde ? On l’espère.

   L’arrivée d’un Guy Novès en équipe de France ne ferait pas tout. Il faut que l'environnement soit sain. Il semble l’être. Il est remarquable que Toulouse ait été confronté en finale au Montpellier du tout nouvel entraîneur Fabien Galthié. Un ancien joueur de grande classe, qui aime si profondément son sport qu’il est pris de frissons puissants quand il le commente à la télé. Un homme qui aime la rugosité du rugby, les émotions qu’il porte et les identités qu’il transmet.

   La finale, le grand Pierre Berbizier n’en a même pas goûté (défaite d'un petit point en demi contre Montpellier). Berbizier, le chef incontestable, l’homme qui sait reconnaître les exceptions et donne un chacun son rôle naturel, le sage du rugby français…
Il nous semble que règnent entre tous ces hommes, et les innombrables anonymes de ce billet, une forme de reconnaissance intime de l’autre, de son honneur d’homme. Un profond respect, en somme. Un peu à l’image de Jean-Pierre Elissalde, cet ancien joueur au-dessus du lot sur le plan mental, désormais co-entraîneur du Stade Toulousain, venu réconforter longuement à la fin du match le jeune ailier montpelliérain Pailhaugues, secoué de pleurs après avoir été victime d’un carton jaune injuste à dix minutes du coup de sifflet final.

   Au-delà de la constitution d’une tête de pont remarquable dans le rugby français, semble se mettre en place une reprise en main naturelle et progressive du rugby national par la base.
La base ? Oui, celle-là même dont on peut douter qu’un Max Guazzini fait partie, par exemple. Lui qui a régné sur le championnat au début de la décennie, mais dont l’actualité montre la grande ambivalence : le plus important est-il son calendrier du Stade Français et le commerce, ou son équipe ?
La base, dont est plus proche une Ligue nationale à l'influence grandissante (formée des représentants du rugby de l’élite), face à une fédération encore toute puissante, et largement marquée par le réflexe frénétique du changement permanent. Une fédération dirigée jusqu’il y a trois ans par un ancien fonctionnaire des douanes, Bernard Lapasset, lequel avait nommé les deux précédents sélectionneurs sur des critères que nous sommes rétrospectivement curieux de connaître. Une fédération dont le président actuel, Pierre Camou, propose la constitution de provinces pour copier le rugby du sud, au moment même où le top 14 connait ses plus grands succès.

   Porté par des personnages d’exception, le rugby national revient petit à petit à ses origines. Ce rugby là sait qui il est et il s'appuie sur ses forces. A une époque où le professionnalisme commence à faire sentir ses premiers effets pervers, où la fédération a rarement été aussi éloignée de sa base et où la société française montre des signes de délitement, le rugby tricolore se retrouve en lui-même. Au meilleur moment.

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